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Du haut de ses 496 pages et 5 kilogrammes, ce beau livre publié chez Taschen sous le titre Marc Newson. Works 84-24 brosse, en filigrane, le portrait d’un créateur vedette : Marc Newson, 60 ans, designer australien aujourd’hui installé à Londres. Ce catalogue raisonné (même si l’autrice américaine, Alison Castle, réfute le terme) donne la mesure du travail abattu par cet homme prolifique, pourvoyeur en quatre décennies d’objets les plus divers : d’une théière en argent pour Georg Jensen à une poêle Tefal, en passant par la création des montres Ikepod, l’aménagement d’un Airbus A380 ou la conception du bateau Aquariva, en attendant la sortie du Nausicaa, son second superyacht.
Alison Castle nous décrit Marc Newson constamment occupé à dessiner (des croquis collés-serrés sont publiés dans l’ouvrage) et doté d’une curiosité sans frontières. On le sait prompt à vouloir mater les matières les plus rétives, assez ingénieux pour se libérer des limites imposées et toujours aussi pressé que le lapin d’Alice au pays des merveilles. D’ailleurs, le 12 septembre, à Paris, il n’a accordé qu’une heure aux nombreux fans venus, entre deux pluies d’orage, à sa séance de dédicace dans la boutique germanopratine de Taschen.
« J’aborde le design d’une manière assez subliminale, ce qui est aussi bien parce que je n’ai pas le temps de trop y penser », expliquait Marc Newson dans l’ouvrage Designing the 21st Century (Taschen, 2001). Vingt-trois ans plus tard, on n’en sait guère plus sur le mode de fonctionnement de ce diplômé en joaillerie et sculpture du Sydney College of the Arts, devenu un monument vivant de la création contemporaine. Et cette monographie, malgré sa taille imposante et la qualité de son contenu, ne répond pas vraiment à la question : pourquoi Marc Newson est-il toujours le designer vivant le plus cher du monde ?
« S’il y a un secret, c’est peut-être de ne pas me considérer comme le designer le mieux coté du monde, précise l’intéressé. Joaillier de formation, l’un de mes atouts est d’avoir appris à me confronter physiquement avec des matières fondamentales comme le métal. Jongler entre matériaux, techniques et procédés de fabrication est devenu monnaie courante pour moi, au point d’intervenir dans des domaines pointus, avec la conception de navettes spatiales ou de superyachts. Et puis, au risque de paraître solipsiste, je m’utilise comme étalon de mesure de ce que j’aimerais voir ou expérimenter, c’est-à-dire que je conçois des objets essentiellement pour des personnes partageant mes valeurs. Je suppose que cela aboutit à des résultats singuliers. »
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